Nous vous avions laissé au croisement de la rue de Grenelle et de la rue des Saint-Pères, au terme d'une traversée héroïque, la vidéo en fait foi, du Carrefour de la Croix-Rouge. C'est là, nous disiez-vous, que commence véritablement l'aventure...
Aldonor (A) : C'est là que commence l'aventure et ça se sent assez vite dans les voitures que vous croisez ou la nature des boutiques que vous dépassez...
EB : Vous nous disiez pourtant l'autre jour : "Le changement de monde ne saute pas aux yeux"...
A : C'est effectivement très progressif. Les spécialistes vous diront d'ailleurs que, de la même façon que la rue de Grenelle côté VIème arrondissement est un peu "septièmisée", le morceau de la rue de Grenelle qui va de la rue des Saints-Pères jusqu'au boulevard Raspail est quelque peu empreinte de l'esprit de la Boboblogie.
EB : Et comment cela se manifeste-t-il ?
A : C'est une multitude de petits détails : les vélos, qui demeurent principalement de style hollandais, le maintien, jusqu'au paquet de maisons coupé par le boulevard Raspail, d'un certain nombre de librairies, le fait, surtout, que les gens ne vous regardent pas comme si descendiez d'une soucoupe volante. Il y a de l'altérité dans l'air, on le sent quasi-charnellement... mais la proximité, sans jeu de mot, n'est pas loin...
EB : Vous me disiez à ce propos que vous aviez eu, à ce moment, une brutale prise de conscience...
A : Oui, Aldor. Vous savez, je suis comme tout le monde. J'étais parti dans mon voyage plein de préjugés et d'idées préconçues, et j'ai dû en grande partie les réviser...
EB : Par exemple ?
A : Par exemple, Sciences-Po. Je pensais, comme tout le monde, que Sciences-Po était une boîte pour filles et fils à papa incapables d'aller à Normale-Sup...
EB : Et bien ?...
A : Et bien, c'est sûrement la vérité pour 95% des élèves mais il y en a aussi, et ça a été ma découverte du jour, qui vont à Sciences-Po parce qu'ils veulent faire Sciences-Po et qu'ils ne veulent pas faire Normale-Sup. Et ils me l'ont dit.
EB : Ne craignez-vous pas d'avoir été un peu manipulé, Aldonor ?
A : C'est évidemment toujours possible mais vous comprenez bien, Aldor, que je ne peux pas, dans mon métier de reporter, systématiquement me méfier de ce que les gens me disent...
EB : Et la rue Saint-Guillaume une fois dépassée ?
A : Après la rue Saint-Guillaume, on arrive très vite à cet immense fleuve de voitures qu'est le boulevard Raspail (voir l'image). Je dois d'ailleurs dire qu'à mon sens, c'est à cet endroit qu'on quitte véritablement la Boboblogie. Parce qu'au-delà du boulevard, c'est une autre rue de Grenelle qui commence, que j'appelle le Grenelle profond, qui est le Grenelle des ministère et quelque chose de radicalement différent. Mais j'en parlerai la prochaine fois.
EB : Merci, Aldonor, de ce passionnant témoignage, et à très bientôt sur ce site.
Propos recueillis le 4 février 2007
Prochain épisode : le Grenelle profond
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