lundi 12 mars 2007

L'Orthographie

Les Echos de la Boboblogie (EB) : Aldoror, vous êtes le fondateur et principal promoteur de l'Orthographie, ce label joliment représenté par une petite ardoise. Pourriez-vous expliquer à nos lecteurs ce dont il s'agit ?

Aldoror (A) : Certainement, Aldor. Avec grand plaisir. J'ai voulu, avec l'Orthographie, rassembler, au delà des clivages politiques, tous ceux qui partagent une même idée, une même vision, un même idéal en quelque sorte, des règles d'orthographe, et qui acceptent de s'engager, et de demander à leur commentateurs de s'engager, à mettre ces règles en pratique sur leur blog.

EB : Ne craignez-vous pas que cet objectif, aussi noble soit-il, soit considéré comme trop consensuel pour mériter engagement ?

A : Ecoutez, Aldor, si l'Orthographie était si consensuelle qu'on le dit ici et là pour me critiquer, personne ne renaclerait à y adhérer. Or je constate au contraire que, même s'il s'accroît rapidement, le nombre de blogs ardoisés est faible par rapport aux 85 millions de blogs, en comptant ceux des chiens et des chats, qu'on recense en France. C'est donc que l'Orthographie gène ! Et c'est donc que j'ai raison !

EB : Les bloggueurs pourraient tout simplement considérer que c'est inutile ?

A : Je me suis, comme souvent, exprimé trop vite, Aldor. Si les blogueurs ne faisaient que refuser d'adhérer à l'Orthographie, votre hypothèse serait sans doute la bonne. Mais tel n'est pas le cas. Non seulement ils refusent d'adhérer, ce qui est - vous le soulignez justement - leur problème mais ils m'envoient des messages injurieux - ce qui tend à montrer que ma démarche, qui pourrait être considérée comme anodine, les embête.

Et le fond du problème est là : si, réellement, accorder une certaine attention à l'orthographe gène des blogueurs, c'est probablement que ces blogueurs sont tentés de ne pas y faire naturellement attention, comportement qui non seulement me chagrine mais me fait peur.

EB : Et pourquoi donc, Aldoror ?

A : Parce que le langage, Aldor, n'est pas rien. Parce qu'il y a de la barbarie à violenter les mots, que celui qui violente les mots peut violenter les idées, et que c'est le propre du sophiste que de violenter, d'un même mouvement, les mots et les idées.

EB : Voulez-vous dire que ceux qui écrivent en langage SMS sont des tyrans en puissance ?

A : Ne me faites pas dire, Aldor, ce que je ne dis pas. Mais je crois effectivement que les personnes qui, de façon systématique, écrivent dans le langage abrégé des SMS marquent un certain irrespect, non seulement envers les mots mais aussi envers leurs interlocuteurs, et que cet irrespect est une certaine forme, un début de violence, comportement qui, une sensologue le dirait probablement mieux que moi, n'est pas sans signification.

EB : Je vous remercie, Aldoror, de ces explications, et vous souhaite, ainsi qu'à l'Orthographie, bonne chance.

A : Tout le plaisir était pour moi, Aldor.

Propos recueillis le 12 mars 2007

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