vendredi 23 février 2007

Entretien avec Négrescine de Terra Amata


Les Echos de la Boboblogie (EB) : Négrescine de Terra Amata, Bonsoir, et merci d'avoir bien voulu nous recevoir.

Négrescine de Terra Amata : Je l'ai fait bien volontiers, Aldor, et cela d'autant plus que mon amie Kathy m'y avait incitée.

EB : Négrescine, je suis sûr qu'un certain nombre de nos lecteurs s'interrogent sur l'origine de votre prénom. Que pouvez-vous leur dire à ce propos ?

NTH : C'est très simple, Aldor. Mon prénom vient du nom d'une propriété familiale, sise à Nice, où nous avons une petite auberge... Négrescine signifie d'ailleurs maison blanche en patois local.

EB : Négrescine, vous êtres une habituée des boboblogs, où vous intervenez souvent pour appeler à une vision apaisée, dépassionnée, délivrée des vieux clivages et schémas qui nous emprisonnent. Qu'est-ce qui motive, chez vous, cette prise de position ?

NTA : Je crois, Aldor, que nous en devons en finir, avec les vieux démons : la lutte des classes, la dictature du prolétariat, la gauche et la droite, les riches et les pauvres, le bien et le mal [non, effacez ça, Aldor]... C'est dépassé, tout ça ! Il faut désormais que nous raisonnions et que nous agissions comme habitants de la même planète, comme humains !

EB : Mais, Négrescine, ne pensez-vous pas qu'il soit facile d'appeler à la fin de la lutte des classes quand on en parle du fond de son grand duplex germanopratin, depuis la terrasse de son palace niçois ou douillettement assise sur le cuir des sièges de sa Saab ?

NTA : D'abord, Aldor, ce n'est pas un palace mais une folie, comme on dit là-bas, ensuite, je n'ai pas de voiture mais un vélo, enfin... là n'est pas la question !
Si vous voulez que je dise moi-même ce que vous vous apprêtez à dire, je peux le faire : j'habite le quartier latin, j'ai un grand appartement, le coeur à gauche par tradition familiale, de l'argent et pas de problèmes beaucoup plus graves que le choix de la couleur de mon iPod. Oui, je suis une de vos chères Bobos, et Renaud pourrait avoir pensé à moi quand il a écrit sa chanson.

Je suis donc, d'avance, d'accord avec vous si vous me dites que, pour aller travailler à vélo rue Jacob, c'est plus facile quand on habite boulevard Saint-Germain que quand on habite Bagnolet et je suis également d'accord avec vous pour dire que les questions d'insécurité dans les grands ensembles me touchent moins directement que les habitants de Bobigny.

Mais une fois, Aldor, que vous aurez dit tout cela et que vous aurez, ce faisant, vidé votre sac et votre bile, il faudra bien en arriver au fond des choses. Car c'est un peu facile, Aldor (et vous savez bien que ça n'est pas à vous personnellement que j'en veux) de chercher à décrédibiliser une opinion en jetant l'opprobre sur celui qui la défend, sans prendre la peine d'aligner le moindre argument à son encontre. C'est un peu facile et ca n'est pas très honnête.

EB : Revenons donc, Négrescine à notre sujet initial. Vous me disiez : la lutte des classes, la dictature du prolétariat, la gauche et la droite, les riches et les pauvres, ... C'est dépassé. Que vouliez-vous dire, exactement ?

NTA : Je ne voulais évidemment pas dire, Aldor, s'il faut absolument mettre les points sur les i, qu'il n'y a plus de riches et de pauvres, de gauche et de droite, de prolétaires et de capitalistes... car évidemment, qu'ils existent toujours ! je voulais dire, et le dis donc, que là n'est plus aujourd'hui la priorité, la ligne de faille, le point focal sur lequel il nous faut exercer la plus forte pression... là n'est sans doute plus l'enjeu, parce qu'un enjeu plus fondamental se fait jour aujourd'hui, qui transcende toutes ces luttes, et qui est notre capacité à conserver cette planète dans un état viable.

EB : Je vous remercie, Négrescine, de nous avoir dit ce que vous aviez sur le coeur, et je pense que nous aurons, ici, aux Echos, l'occasion de reparler de cet enjeu de fond que vous évoquiez.

NTA : Merci à vous, Aldor, de m'avoir offert cette tribune.

Propos recueillis le 26 février 2007

dimanche 18 février 2007

Entretien avec la sensologue Kathy Toto


Les Echos de la Boboblogie (EB) : Kathy Toto, votre nom est célèbre dans toute la boboblogie pour les études fameuses que vous consacrez, de temps à autre, à d'importants phénomènes contemporains. Je vous suis donc reconnaissant d'avoir bien voulu accepter de nous accorder cet entretien.

Kathy Toto (KT) : C'est avec plaisir, Aldor, que j'ai accepté votre invitation.

EB
: Kathy, pourriez-vous rappeler à nos lecteurs ce qu'est un (ou une) sensologue.

KT : Bien sûr, Aldor. Eh bien ! un sensologue est une personne dont le métier est de donner un sens aux choses et aux propos...

EB
: .... Heu, votre langue a probablement fourché. Vous vouliez certainement dire : "dont le métier est de dire le sens des choses et des propos" ?

KT : Non, non , non ! Justement non. Dire le sens des choses est le travail du sémiologue ; le sensologue, lui, donne (ou éventuellement, prête) leur sens aux choses et aux paroles... et tout particulièrement à ceux et à celles qui n'en ont pas : c'est la difficulté de la tâche mais aussi sa grandeur. Et j'ajoute, car cela intéresse directement vos lecteurs, que c'est dans ce secteur très spécifique que la Boboblogie est réputée.

EB
: Mais, comment faites-vous pour donner du sens aux choses qui n'en ont pas ?

KT
: Ca n'est pas toujours facile mais il y a des trucs, du métier...

EB
: Imaginez que je vous dise : "Allons nous baigner". Quel sens pouvez-vous bien donner à une phrase aussi banale ?

KT
: Ce cas est particulièrement facile, Aldor ; on peut lui donner plein de sens, qu'on peut décrire (mais je vous fais grâce des détails) à coups de formules comme énoncés multiples, patati-patata, polysémie, patata, i-médiation, patati, équivocité, patata, etc. Et j'en passe.

EB
: Il y avait tout ça, dans cette proposition ?

KT
: En fait, Aldor, je ne le sais pas. Mais nul, probablement, ne le sait. Et ce qu'on peut en revanche dire sans crainte de se tromper, c'est que ce que j'ai dit, moi, a du sens.

EB
: Mais si ce sens est sans lien avec celui que je voulais donner à ma phrase?...

KT
: ... C'est sans grande importance. Vous savez, Aldor, les personnes et les entreprises qui viennent me voir ont rarement des idées à exprimer. L'important, pour elles, n'est donc pas qu'on leur explique ce qu'elles voulaient dire car, sauf exception, elles ne veulent rien dire, mais qu'on leur dise ce qu'elles auraient pu vouloir dire, si elles avaient eu des idées, et qu'on leur dise pour longtemps (le sens est alors donné) ou pour une durée plus courte, le temps d'une campagne de promotion, par exemple (le sens est alors simplement loué ou prêté, à un tarif moindre, bien sûr).

EB
: Mais n'est-ce pas un peu un travail de charlatan ?

KT : Charlatan, charlatan... tout dépend ce que vous mettez derrière cette appellation : dans les temps anciens, les gens naissaient, vivaient, mourraient, et finalement se contentaient de cela, de la fierté d'assumer, comme des millions d'autres êtres humains, le poids de la condition humaine. Aujourd'hui, il veulent beaucoup plus et en particulier être reconnus comme individus... individualisés. Ils veulent que leur vie ait un sens, que leur action ait un sens, que leur métier ait un sens, que leur désirs aient un sens, que leurs jeux aient un sens... que leur blog même ait un sens, et c'est tout dire.
Vous devinez, dans ce contexte, la masse d'appels au secours auxquels mes collègues et moi même devons répondre. Ce que les gens attendent de nous, ça n'est évidemment pas la vérité, mais qu'on leur permette d'exister, à leurs propres yeux, en prêtant, et parfois en
donnant, sens, à leurs faits et gestes et à leurs paroles. Et le miracle, parfois se produit : nous avons prêté un sens, et ce sens une fois donné, c'est comme si la vérité se dévoilait et comme si la personne, dépouillée enfin des couches et des couches d'habitudes et de paresse, naissait à elle-même, au travers du sens que nous avons soudain donné à son existence.

EB : Il y a donc quelques liens entre la sensologie et la maïeutique ?

KT
: Ne me faites pas dire, Aldor, ce que je ne dis pas. Je ne prétends pas être une Socrate, même au petit pied. Il n'en demeure pas moins que si la quête de sens est souvent vaine, elle ne l'est pas toujours, et qu'il est beau, alors, d'aider une pensée à se révéler à elle-même.

EB : Il me reste à vous remercier, Kathy, pour cet intéressant entretien.

KT : Je vous en prie, Aldor, et merci à vous.
Propos recueillis le 18 févier 2007

mardi 13 février 2007

Entretien avec l'Abbesse Faria

Les Echos de la Boboblogie (EB): Tabatha Faria, vous êtes abbesse et grande prêtresse des Oui-Oui associés.
Bonsoir, Révérende Mère, et merci d'avoir bien voulu nous accorder quelques instants.

Tabatha Faria (TF) : C'est toujours un grand plaisir pour moi, Aldor, que de parler avec les autres. Découvrir les êtres m'est une joie et j'aime sentir, sur mon esprit, le souffle de leur pensée.

EB : Révérende Mère, vous occupez au sein de la Boboblogie une place tout à fait particulière. Non seulement à cause des liens de parenté que vous entretenez avec d'éminents boboblogueurs, et boboblogueuses, mais aussi en raison du statut de haute autorité morale que l'on vous a, ou que vous vous êtes, donné. Etes-vous à l'aise avec cette déférence qui paraît entourer tout ce qui a trait à votre personne, avec ce rôle de grande prêtresse intouchable ?

TF : Je suis heureuse, Aldor, que vous souleviez cette question car je crains qu'un malentendu ne s'installe. J'assume totalement, d'un côté, ma responsabilité de Révérende Mère et la componction qui l'accompagne. Mais cela ne doit pas faire oublier,d'un autre côté, le nom donné à mon blog : La femme en forme de courant d'air, titre qui exprime bien une certaine désinvolture et le fait que je place au dessus de tout la liberté, et d'abord la mienne. Je refuse donc, en d'autres termes, d'être réduite à un rôle particulier : je suis ceci, mais aussi cela, et simultanément une troisième chose encore, insaisissable comme peut l'être un courant d'air.

EB : Est-ce cet attachement à la liberté, et ce refus de l'unidimensionnalité, qui expliquent votre intérêt pour Second Life ?

TF : Je crois que plusieurs raisons entrent en ligne de compte :
  • il y a, ce dont on parle peu et qui est pourtant si important, et si cher à nos yeux de Oui-Oui associés, le caractère international, mondial, universel de cet univers. Sur Second Life, vous pouvez discuter, en temps réel et simultanément, avec des personnes se trouvant sur les cinq continents, et leur parler comme le feriez à votre voisin.
  • il y a aussi le plaisir d'un monde imaginaire, thaumaturgique, magique. Second Life est un monde où les miracles sont quotidiens, et où chacun peut vivre le désir de chaque enfant : voler comme un oiseau. En cela, c'est un monde poétique.
  • il y a enfin, certainement, l'attrait du masque, du carnaval, du changement d'identité... et, disons-le, de l'éternelle jeunesse : dans ce monde virtuel, chacun se donne l'apparence qu'il souhaite avoir, indépendamment de l'apparence qu'il a dans la vraie vie, ...et des marques du temps qui passe.
EB : Vous parliez de l'universalité de Second Life. Mais n'est-ce pas un leurre ou, plutôt, une universalité de pacotille ? On dialogue avec des Chinois ou des Australiens mais on ne salue plus son voisin de palier ; on a de grandes discussions avec des avatars, mais on ne parle plus aux véritables êtres humains. Natacha Quester-Siméon disait ainsi, l'autre jour, à la radio, que les blogueurs étaient très friands de contacts réels et je m'imaginais un humanité faite d'individus isolés tapotant, chacun derrière leur écran d'ordinateur. N'est-ce pas cette caricature d'humanité qu'offre Second Life ?

TF : C'est une vraie difficulté, Aldor, et vous avez raison de nous mettre en garde. Mais ceci n'empêche pas cela et "Qu'une chose soit difficile, comme disait Rainer Maria Rilke, doit nous être une raison de plus pour l'entreprendre.".

EB : Vous aimez la poésie. Trouvez-vous qu'elle soit une réponse adaptée aux défis de notre temps ?

TF : Vous savez bien, Aldor, que cette question est mal posée. Je sais, comme vous et comme chacun, que la poésie, jamais, ne suffira à sauver le monde de son malheur. Mais j'ai également la certitude, même si cela provoque les rires des ceux qui n'ont foi en rien, qu'apporter au monde, si peu que ce soit, de la beauté, n'est pas vain. C'est à cela que, modestement je m'attache. Et tant pis si les méchants s'en moquent.

EB : Merci, Révérende Mère, de nous avoir ainsi éclairés.

TF : Merci, Aldor, de m'en avoir donné l'occasion.

Propos recueillis le 13 février 2007

mardi 6 février 2007

Le Grenelle Profond

Dans la poursuite de sa découverte de l'au-delà de la Boboblogie, Aldonor a tenté la traversé de la rue de Grenelle, du boulevard Raspail à l'esplanade des Invalides.

Il en a tiré un film "en temps réel" et nous relatera bientôt ici son aventure :

dimanche 4 février 2007

Vers Raspail

Les Echos de la Boboblogie (EB) : Aldonor, je rappelle que vous nous faites le récit de l'expédition que vous avez récemment menée, hors des frontières de la Boboblogie, dans le VIIème arrondissement.

Nous vous avions laissé au croisement de la rue de Grenelle et de la rue des Saint-Pères, au terme d'une traversée héroïque, la vidéo en fait foi, du Carrefour de la Croix-Rouge. C'est là, nous disiez-vous, que commence véritablement l'aventure...

Aldonor (A) : C'est là que commence l'aventure et ça se sent assez vite dans les voitures que vous croisez ou la nature des boutiques que vous dépassez...

EB : Vous nous disiez pourtant l'autre jour : "Le changement de monde ne saute pas aux yeux"...

A : C'est effectivement très progressif. Les spécialistes vous diront d'ailleurs que, de la même façon que la rue de Grenelle côté VIème arrondissement est un peu "septièmisée", le morceau de la rue de Grenelle qui va de la rue des Saints-Pères jusqu'au boulevard Raspail est quelque peu empreinte de l'esprit de la Boboblogie.

EB : Et comment cela se manifeste-t-il ?

A : C'est une multitude de petits détails : les vélos, qui demeurent principalement de style hollandais, le maintien, jusqu'au paquet de maisons coupé par le boulevard Raspail, d'un certain nombre de librairies, le fait, surtout, que les gens ne vous regardent pas comme si descendiez d'une soucoupe volante. Il y a de l'altérité dans l'air, on le sent quasi-charnellement... mais la proximité, sans jeu de mot, n'est pas loin...

EB : Vous me disiez à ce propos que vous aviez eu, à ce moment, une brutale prise de conscience...

A : Oui, Aldor. Vous savez, je suis comme tout le monde. J'étais parti dans mon voyage plein de préjugés et d'idées préconçues, et j'ai dû en grande partie les réviser...

EB : Par exemple ?

A : Par exemple, Sciences-Po. Je pensais, comme tout le monde, que Sciences-Po était une boîte pour filles et fils à papa incapables d'aller à Normale-Sup...

EB : Et bien ?...

A : Et bien, c'est sûrement la vérité pour 95% des élèves mais il y en a aussi, et ça a été ma découverte du jour, qui vont à Sciences-Po parce qu'ils veulent faire Sciences-Po et qu'ils ne veulent pas faire Normale-Sup. Et ils me l'ont dit.

EB : Ne craignez-vous pas d'avoir été un peu manipulé, Aldonor ?

A : C'est évidemment toujours possible mais vous comprenez bien, Aldor, que je ne peux pas, dans mon métier de reporter, systématiquement me méfier de ce que les gens me disent...

EB : Et la rue Saint-Guillaume une fois dépassée ?

A : Après la rue Saint-Guillaume, on arrive très vite à cet immense fleuve de voitures qu'est le boulevard Raspail (voir l'image). Je dois d'ailleurs dire qu'à mon sens, c'est à cet endroit qu'on quitte véritablement la Boboblogie. Parce qu'au-delà du boulevard, c'est une autre rue de Grenelle qui commence, que j'appelle le Grenelle profond, qui est le Grenelle des ministère et quelque chose de radicalement différent. Mais j'en parlerai la prochaine fois.

EB : Merci, Aldonor, de ce passionnant témoignage, et à très bientôt sur ce site.

Propos recueillis le 4 février 2007

Prochain épisode : le Grenelle profond

Vers le VIIème : un reportage vidéo

Les Echos de la Boboblogie (EB) : Aldonor, vous avez publié sur le Blog d'Aldoror un reportage vidéo assez "décoiffant" où l'on voit la caméra, probablement entraînée par un vélo, s'approcher des frontières de la Boboblogie, presque au bout du VIème arrondissement. Pouvez-vous nous dire exactement où ces extraordinaires images ont été prises ?

Aldonor (A) : Bien sûr, Aldor. Les premières images du film ont été tournées rue du Vieux Colombier, à l'extrême bout ouest du Sixième arrondissement, au delà de Saint-Sulpice, c'est-à-dire dans l'ultra-périphérie de la Boboblogie.

Le carrefour qu'on voit ensuite, en paraissant suivre une voiture, c'est la carrefour de la Croix-rouge, au fond duquel on distingue la rue du Dragon. Mais ce n'est pas là que la caméra s'engage, car le vélo tourne à gauche pour s'engouffrer dans la rue de Grenelle.

EB : La rue de Grenelle ? Mais on est déjà en dehors de la Boboblogie ?

A : Beaucoup de gens le croient, Aldor. Mais à tort. Il y a en effet un morceau de la rue de Grenelle qui appartient, officiellement, au VIème arrondissement, même si, naturellement, il subit l'influence du VIIème.

EB : Et comment ces images ont-elles été prises ? Vous n'avez pas craint de réactions hostiles des autochtones qui vous voyaient filmer ?

A : Attention ! Je dois tout d'abord rappeler que, quand ces images-ci ont été tournées , je me trouvais encore en Boboblogie. Aux limites, sur les marches, certes, mais en Boboblogie tout de même. Et puis ma caméra est relativement discrète...

EB : De quel modèle s'agit-il ?

A : D'un Moka N 8300. Il est tout petit et possède également un GPS, ce qui m'a été ensuite, vous le devinez, bien utile.

EB : Justement, vous n'avez pas craint de vous perdre ?

A : Non, mais parce que je m'étais préparé. J'avais, pendant des jours et des nuits, étudié les cartes et les plans, pour ne pas me retrouver perdu dans cet endroit qui n'a pas la chance d'être ordonné par le croisement harmonieux des boulevards Saint-Michel et Saint-Germain. Il est clair qu'on ne se lance pas dans ce genre d'expédition sans une longue et patiente préparation.

EB : La dernière image de votre film montre la plaque de la rue des Saint-Pères, côté VIIème arrondissement. Qu'avez-vous éprouvé en arrivant là ?

A : De la fierté, bien sûr. Fierté d'y être arrivé, d'avoir abouti, d'avoir surmonté les obstacles. Mais, pour être tout à fait honnête, j'ai également éprouvé une certaine appréhension. Une chose est en effet de préparer une expédition chez soi en s'aidant de livres, une autre de se retrouver pour de vrai dans un monde qui, s'il n'est pas forcément hostile, est cependant radicalement autre et donc inconnu. Et puis je savais que c'était véritablement à cet endroit que la véritable aventure commençait.

Mais je vous en dirai plus la prochaine fois.


EB : Nous l'espérons, Aldonor, et sommes impatients de vous lire. Merci en tous les cas d'ores et déjà de nous avoir un peu ouvert votre coeur.

Propos recueillis le 3 février 2007

Prochain épisode : Vers Raspail