mardi 13 février 2007

Entretien avec l'Abbesse Faria

Les Echos de la Boboblogie (EB): Tabatha Faria, vous êtes abbesse et grande prêtresse des Oui-Oui associés.
Bonsoir, Révérende Mère, et merci d'avoir bien voulu nous accorder quelques instants.

Tabatha Faria (TF) : C'est toujours un grand plaisir pour moi, Aldor, que de parler avec les autres. Découvrir les êtres m'est une joie et j'aime sentir, sur mon esprit, le souffle de leur pensée.

EB : Révérende Mère, vous occupez au sein de la Boboblogie une place tout à fait particulière. Non seulement à cause des liens de parenté que vous entretenez avec d'éminents boboblogueurs, et boboblogueuses, mais aussi en raison du statut de haute autorité morale que l'on vous a, ou que vous vous êtes, donné. Etes-vous à l'aise avec cette déférence qui paraît entourer tout ce qui a trait à votre personne, avec ce rôle de grande prêtresse intouchable ?

TF : Je suis heureuse, Aldor, que vous souleviez cette question car je crains qu'un malentendu ne s'installe. J'assume totalement, d'un côté, ma responsabilité de Révérende Mère et la componction qui l'accompagne. Mais cela ne doit pas faire oublier,d'un autre côté, le nom donné à mon blog : La femme en forme de courant d'air, titre qui exprime bien une certaine désinvolture et le fait que je place au dessus de tout la liberté, et d'abord la mienne. Je refuse donc, en d'autres termes, d'être réduite à un rôle particulier : je suis ceci, mais aussi cela, et simultanément une troisième chose encore, insaisissable comme peut l'être un courant d'air.

EB : Est-ce cet attachement à la liberté, et ce refus de l'unidimensionnalité, qui expliquent votre intérêt pour Second Life ?

TF : Je crois que plusieurs raisons entrent en ligne de compte :
  • il y a, ce dont on parle peu et qui est pourtant si important, et si cher à nos yeux de Oui-Oui associés, le caractère international, mondial, universel de cet univers. Sur Second Life, vous pouvez discuter, en temps réel et simultanément, avec des personnes se trouvant sur les cinq continents, et leur parler comme le feriez à votre voisin.
  • il y a aussi le plaisir d'un monde imaginaire, thaumaturgique, magique. Second Life est un monde où les miracles sont quotidiens, et où chacun peut vivre le désir de chaque enfant : voler comme un oiseau. En cela, c'est un monde poétique.
  • il y a enfin, certainement, l'attrait du masque, du carnaval, du changement d'identité... et, disons-le, de l'éternelle jeunesse : dans ce monde virtuel, chacun se donne l'apparence qu'il souhaite avoir, indépendamment de l'apparence qu'il a dans la vraie vie, ...et des marques du temps qui passe.
EB : Vous parliez de l'universalité de Second Life. Mais n'est-ce pas un leurre ou, plutôt, une universalité de pacotille ? On dialogue avec des Chinois ou des Australiens mais on ne salue plus son voisin de palier ; on a de grandes discussions avec des avatars, mais on ne parle plus aux véritables êtres humains. Natacha Quester-Siméon disait ainsi, l'autre jour, à la radio, que les blogueurs étaient très friands de contacts réels et je m'imaginais un humanité faite d'individus isolés tapotant, chacun derrière leur écran d'ordinateur. N'est-ce pas cette caricature d'humanité qu'offre Second Life ?

TF : C'est une vraie difficulté, Aldor, et vous avez raison de nous mettre en garde. Mais ceci n'empêche pas cela et "Qu'une chose soit difficile, comme disait Rainer Maria Rilke, doit nous être une raison de plus pour l'entreprendre.".

EB : Vous aimez la poésie. Trouvez-vous qu'elle soit une réponse adaptée aux défis de notre temps ?

TF : Vous savez bien, Aldor, que cette question est mal posée. Je sais, comme vous et comme chacun, que la poésie, jamais, ne suffira à sauver le monde de son malheur. Mais j'ai également la certitude, même si cela provoque les rires des ceux qui n'ont foi en rien, qu'apporter au monde, si peu que ce soit, de la beauté, n'est pas vain. C'est à cela que, modestement je m'attache. Et tant pis si les méchants s'en moquent.

EB : Merci, Révérende Mère, de nous avoir ainsi éclairés.

TF : Merci, Aldor, de m'en avoir donné l'occasion.

Propos recueillis le 13 février 2007

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Très cher Aldor,

Je suis honorée, et pour ne rien vous cacher, fort émue que vous ayez bien voulu me faire la grâce de parler ainsi de mon humble personne. Vous avez une grande acuité d'esprit et un sens de l'humour exquis, d'autant plus précieux qu'ils sont rares ici-bas ! Vous me voyez ravie, et même comblée, que vous ayez considéré ma (très, très humble) personne comme digne de figurer dans votre série de portraits extralucides. Une infime remarque : je ne suis pas abbesse, mais Réverende Mère ! ;-)

Je vous salue avec respect et gratitude, Reverendissumus Aldor,

Votre obligée Bene Gesserit,
tatihannah

Aldor a dit…

Très Chère Tabatha,

Vos aimables propos sont un baume, pour moi, même si en grande partie immérités. Imméritée, notamment, l'évocation de mon sens de l'humour, où je vois l'esquisse de ce que nos voisins d'Outre-Manche appellent la pêche aux compliments.

Vous savez bien, en effet, que le sens de l'humour, cela ne consiste pas à savoir se moquer des autres (savoir grossier et très bien partagé) mais à savoir se moquer de soi-même - ce qui est redoutablement plus difficile. Jankelevitch a eu, là dessus, de jolies phrases - je n'en ai malheureusement plus un souvenir exact.

Je vous retourne donc, ainsi qu'à mes autres victimes, Natacha, Théodule et Kathy, le compliment que vous m'aviez lancé. Mieux que moi, vous le méritez

Anonyme a dit…

OH ! Révérende Mère Bene Gesserit quelle joie et quel plaisir de vous retrouver !!!
Mes plus gracieuses et profondes salutations !

Duncan Idaho